We all have our own story to tell.

Ligne London - Sydney, fly 3471, pl. 28a window

La femme me fit un sourire et rangea ses bagages au-dessus des sièges avant de prendre place à côté de moi. Elle souriait toujours. Je devais avoir la mine bien sombre à côté d'elle ! Il faut dire que passer pas loin d'une journée dans un avion, avec la clim à fond et des escales en pleine nuit, ça n'avait rien de réjouissant. Toutefois, cet air enjoué de cette dame d'une soixantaine d'années me rappelait la proximité de mon but. Mon nouvel objectif. L'écran en face de moi s'alluma, ainsi que tous les autres. Les consignes de sécurité habituelles nous furent expliquées, et l'avion prit place sur la piste et décolla. Voilà. Il était 15h12 et nous volions vers l'Australie. Les écouteurs branchés sur les oreilles, je laissais mon imagination vagabonder sur les nuages et me rapporter toutes sortes d'images de mon avenir australien. Je me demandais comment Milky vivait ses premières heures en dehors du plancher des vaches. Je le voyais très bien rester de marbre au moment impressionnant du décollage et se mettre à angoisser lorsque tout est calme. Une hôtesse m'interrompit dans la progression de mes pensées pour me proposer à boire et à manger. Je lui achetai quelques gateaux que je mis dans mon sac. Comme j'avais retiré mes écouteurs, ma voisine entama la discussion avec moi.

" Alors, vous allez tenter le grand rêve australien vous aussi ?
- Euhm... Oui, en quelques sortes. "

Et je n'ai plus remis mes écouteurs jusqu'à la première escale. Cette femme, Olly Winster, américaine et éthologue de profession, âgée de 64 ans, m'avait raconté sa vie dans les moindres détails. Et à mon tour, je lui contai la mienne...

" Et vous Matt ? Vous m'avez assez écouté pour le restant de votre vie ! A vous de parler.
- Euhm... Je m'appelle Matt Jones. J'ai 25 ans. Je suis né à Nottingham, en Angleterre. Mon père et ma mère se sont rencontrés sur un terrain de horse ball en France. Ma mère est française. Alors ma petite soeur et moi on a grandi dans le cheval et dans le horse ball. Ce sport n'est pas très développé en Angleterre, alors quand j'ai eu 18 ans, je suis allé en France, dans ma famille maternelle et j'ai pratiqué le plus possible. En parallèle, je faisais des études de commerce. Comme je suis bilingue, c'était un gros avantage. Quand j'ai décroché mon diplôme, j'avais 22 ans, et ça a été le pire jour de ma vie. Car le soir, on fêtait mon entrée dans le monde professionnel et la fin de mes études avec toute ma famille, et c'est là que One Day, mon cheval, a eu une colique. Elle lui a été fatale. J'ai très mal vécu de perdre mon pur sang, surtout que ça faisait cinq ans que j'évoluais avec lui. J'avais l'impression de perdre un frère. J'ai d'abord refusé de continuer la saison et de participer aux finales des championnats. Il en était hors de question. J'ai changé de monde et touché à plusieurs disciplines pour tenter de me recycler : complet, cso, et même polo pour essayer de retrouver l'esprit d'équipe si caractéristique du horse ball. Mais je ne me faisais plus plaisir. Pendant que je n'étais pas fixe dans mon équitation, je ne l'étais pas non plus dans ma vie sentimentale et professionnelle. Je n'allais travailler qu'un jour sur deux, ou bien j'arrivais en retard à cause de la fête de la veille. Et puis mon oncle m'a ramené Milky Way un jour. Il m'a dit de monter dessus et de le travailler comme un cheval de horse ball. Evidemment j'avais énormément régressé. Mais j'ai retrouvé les sensations que One Day m'apportait. J'avais l'impression de ne faire qu'un avec lui, alors que c'était notre première session ensemble. Je me suis senti... heureux je crois, dans la simplicité qu'apporte le bonheur vrai. Dans la foulée, j'ai trouvé cette annonce, pour Equestrian Learning. J'ai quitté mon boulot avant de me faire virer définitivement, et j'ai pris mon billet. Un aller simple. Maintenant, je sais ce que je veux vraiment. Me perfectionner dans ma discipline, devenir l'un des meilleurs, un bon coach et un bon joueur, et ouvrir mes écuries en Australie. Je parle très bien anglais, et j'ai les techniques françaises. Je pense en être capable. Ca ne sera pas facile, mais je suis déterminé. Enfin... je le suis redevenu depuis que je ne suis plus un chien errant. "

Nous avons aussi beaucoup parlé de ma famille. De mon meilleur ami homosexuel qui, lorsqu'il me l'avait annoncé, ne l'avait plus été. En même temps, il n'avait pas à être aussi... tactile avec moi ! Je lui ai raconté que je n'avais pas vu mes parents et ma soeur depuis la fameuse nuit du décès de One Day. Lorsque j'en parlais, ma gorge se serrait encore un peu. C'est une pillule très difficile à avaler, encore aujourdh'ui. J'ai évoqué nos débuts avec Milky, son caractère si imprévisible et incompréhensible. Avec mon Iphone, je lui ai montré quelques photos de mon cheval. Surprise, elle m'a demandé pourquoi il n'y avait pas de photo de mes "nombreuses conquêtes" sur mon téléphone. Je lui ai simplement répondu, sans honte, qu'elles ne comptaient pas. Cela l'a peut-être choquée, je n'en sais rien. En revanche, elle trouvait que ma petite soeur était mon portrait craché en féminin. Nous n'avions que deux ans d'écart. Elle était restée en Angleterre, pour promouvoir notre sport à Nottingham. Et puis, ma voisine et moi, nous finîmes par décider de dormir un peu. Nous avions échangé nos numéros, au cas où. A l'arrivée, j'abordais le même sourire qu'elle en la quittant. Elle m'avait véritablement rappelé pourquoi j'étais là. Je rejoignis Port Pirie où je m'installai et quelques jours plus tard, la quarantaine terminée, Milky Way arriva.

Tell us what you're.

Sujet de l'école de journalisme - 2ème année - " Interviewez un sportif et faites la promotion de son sport " - Zoe Jones

" Matt Jones, vous êtes joueur de horse ball, parlez-nous de ce que vous ressentez lorsque vous montez à cheval.
- Euhm... D'abord, dès que je me pose sur ma selle, ma tête se vide. C'est un effet incroyable. Je suis d'un naturel assez énergique à pied, et j'ai besoin de beaucoup me dépenser, je ne suis pas hyperactif, mais je n'en suis pas loin. Mais dès que je suis sur un cheval, c'est le calme plat, genre western avec le fétus de paille qui traverse la rue dans un courant d'air... Je ne pense pas devenir quelqu'un d'autre, cependant, je suis la partie de moi qui est cavalier. "

" Comment vous décririez-vous en dix mots ?
- Dix ? Wow.. bon. Je suis quelqu'un de déterminé. J'ai horreur d'avoir tort alors quand je me fixe un objectif, je m'y tiens jusqu'au bout. Même si je fonce dans un mur, j'accélère un peu plus. Ce n'est pas vraiment une qualité, je crois. Ensuite, je suis un grand fêtard. En même temps, quand on a touché du doigt les soirées horseballistiques, on ne cherche plus à s'ennuyer tout seul sur son canapé. Je crois que je suis quelqu'un de secret, de mystérieux. Je n'aime pas trop parler de ce qu'il se passe sous mes cheveux. On m'a souvent reproché d'être brutal ou peu attentionné ( surtout dans mes relations affectives ). En revanche, pour ce qui est de ma relation avec les chevaux, je suis plutôt doux et calme. C'est sans doute parce que je sais que c'est la seule façon d'obtenir leur respect. On dit de moi que je suis beau garçon. Et c'est vrai, je le sais. J'aime jouer de mes charmes avec la gente féminine. Après tout, il faut exploiter ses compétences au maximum non ? Un poil perfectionniste, je sais que je peux aussi m'avérer être un gros lourd ( humour pas drôle, blagues redondantes ou remarques de second degré mal interprétées ). Mais je n'en suis pas moins un pote que tout être humain rêverait d'avoir ! Je suis plutôt fidèle à mes amis, c'est l'esprit d'équipe fédéré par le horse ball qui m'a appris à toujours être à l'écoute des autres, être là au bon moment."
adoptez-moi"

" Merci Matt ! Tu me sauves la vie grand frère !
- C'est normal Zoe, je te dois bien ça et puis c'est ma carrière d'athlète qui se lance, on se retrouve dans cinq ans quand je serai champion du monde et star internationnale ! "

Caractère

Milky Way est un cheval très affectueux au box et en main. Il est véritablement respectueux de l'homme. En revanche, il peut se révéler imprévisible et nerveux dans des moments tout à fait anodins. En selle, Milky est à l'écoute de son cavalier, bien mis dans les aides et sur la main. Ancien cheval de course ( de 3 à 4 ans ), ce pur sang a un bon moteur et une bonne propulsion. Réformé à l'âge de 4 ans d'abord dans des disciplines classiques, Milky a toujours gardé sa fougue. Désormais reconverti en cheval de horse ball, ce hongre a découvert le plaisir du jeu et l'esprit de groupe. Il n'est pas vraiment dominant et s'entend bien avec beaucoup de chevaux. Avec moi, Milky Way est joueur et n'hésite pas à me montrer sa joie de vivre. Cependant, dès que je le réprimande ou le mets au travail, il est attentif et nous commençons à former un véritable couple centaure. Il faut encore du travail, c'est une certitude, mais toute relation nécessite une implication de longue haleine.