J'adore me faire des ennemis

**Lya H. O'Conor**

ღ J'adore me faire des ennemis

Equestrian Learning. Lya avait hâte d'y faire son entrée. Mais aucune émotion ne se lisait sur son visage, elle gardait toujours une parfaite maîtrise pour pas laisser transparaître ce qu'elle ressentait. Le paysage défilait sous ces yeux, à l’intérieur de la limousine elle commençait à s'ennuyer. Une flûte de champagne dans la main, elel tapotait avec vivacité sur son téléphone mobile. Qaraïbe devait arriver le lendemain en camion, Lya avait préféré arriver en avance pour préparer le terrain. Bientôt la voiture s'arrêta au milieu de la cour et le chauffeur se dépêcha de lui ouvrir la porte.

Lya « Il vous en faut du temps pour ouvrir une porte ! »

Désagréable ? Non pas du tout voyons ! La jeune femme claqua ces talons sur le sol de la cour en faisant un demi-tour pour apprécier la vue. Déjà le chauffeur s'occupait de ces milles et unes valises en les plaçant sur un espèce de grand chariot. Lya portait elle-même un petit sac à main qui contenait ces affaires indispensables, un jupe en soie noir brillante qui arrivait au dessus des genoux et un chemiser en soie rose pâle plutôt classe, une paire d'escarpins, elle faisait pas tâche au milieu de la cour. La jeune femme s'engagea dans le bâtiment principal tandis que le chauffeur montait déjà les valises à l'étage supérieur. La secrétaire lui demanda quelques informations parfaitement inutiles -elle les avait déjà !- et lui tendit une clé. Elle avait une colocataire, une certaine Lucy. C'est génial, elle n'allait même pas pouvoir avoir un minimum d'intimité ! En ronchonnant, Lya appela l’ascenceur pour monter à l'étage supérieur. Enfin l'héritière O'Conor arriva devant sa chambre, son nom y était déjà même inscrit sur la porte. Sans hésiter elle glissa la clé dans la serrure et la tourna d'un coup sec. A l'intérieur, il y avait déjà une fille brune. Et ce satané chauffeur avait abandonné ces valises au milieu de la pièce.

Lya « Salut ! Je suis Lya »

Glissa-t-elle en s'avançant dans la pièce.

**Lucy H. Stark** ◄ Who's that chick ?

Lucy & Lya.

Une colocataire ? oui, mais pas n'importe laquelle...

CRÉDIT - CSS

J'ai toujours voulu pouvoir voyager comme bon me semblait, fonder un élevage et n'avoir pas de contes à rendre à un être proche. Ce dernier souhait était maintenant hors d'atteinte. Ma mère était morte seule, elle aura souffert en silence et sa fille n'aura jamais remarqué ceci, elle aura préféré partir en vacances avec des amis plutôt que de tenir compagnie à sa vieille mère, elle l'aura fuit car jamais elle n'aura remarqué elle que sa fille avait été désabusé par son copain à l'époque, elle l'aura haït et finalement, ma mère sera morte par ma faute, parce que dans un moment de faiblesse, moi, sa fille, je n'aurai pas été là pour elle. Depuis qu'elle est partie, j'ai cessé de la blâmer pour son ignorance au sujet de mon viol. Ca n'a jamais été elle qui a été en tord, c'est moi parce que je ne lui aurai pas dit. Le fait que la dernière personne encore chère à ses yeux se soit éloignée d'elle l'aura achever. Voilà pourquoi, je me haïssais tant, voilà pourquoi, je n'avais rien ressenti en quittant Sydney, voilà pourquoi, je préférais me réfugier ailleurs, pour éviter de me faire du mal ou de faire du mal aux autres, petite égoïste que j'ai été. Je n'ai jamais eu d'ennuis avec le monde de l'équitation, il m'a semblé logique de continuer sur cette voix, en espérant peut-être réduire la douleur puisque jamais cela ne se guérira.

J'étais arrivée à Port Pirie la veille au soir, après quelques heures de route dans un pick-up orangé très énervant. Complètement crevée, je me suis tout de suite ruée dans ma chambre pour dormir comme un gros sac, ne réfléchissant pas une seconde à Maybe Not, ma jument. Bon, tant pis, au moins elle a dû secouer ces palefreniers goguenards. Cette pensée me fit sourire, ah, elle était loin d'être commode celle-ci ! Le sommeil finit par m'emporter dans le monde des rêves et ce, jusqu'à ce qu'un réveil intempestif vienne s'incruster. Je donnai un énorme coup de poing dessus, l'envoyant valser contre un mur. Lucy 1, Réveil 0. Je n'étais pas du matin et je ne le serai surement jamais. Je grognai et voulus me rendormir, mais sans succès, une fois debout, c'était impossible. Je me traînai dans la cuisine et me préparai mes tartines au nut' et mon bol de lait. Alors que j'étais tranquille en train de manger, la sonnette retentit, faisant tomber le solide dans le liquide. Je ne vous explique même pas le résultat, j'en avais plein le haut. Enervée et remontée contre la personne qui osait me déranger, j'appuyais sur le bouton pour qu'elle puisse monter. C'était un portier qui montait des valises et tout d'un coup, la mémoire me revint. Ma colocataire arrivait aujourd'hui. Je me frappais le crâne et m'empressais d'aller me changer pour être présentable. Je fis une queue de cheval à la va-vite, mis un peu de maquillage, enfilai un slim noir et un T-shirt asymétrique jaune avec en dessous, un débardeur noir. Dès que je fus prête, je mis mes chaussons et nettoyais la cuisine à la vitesse de la lumière. Finalement, quand enfin le portier s'en alla, je me posai dans le canapé, prête à accueillir la nouvelle venue. Elle entra brusquement, si bien qu'elle avait l'air sûre d'elle, ce qui était presque effrayant.

" Salut ! Je suis Lya.
- Hey, moi c'est Lucy ! "

J'avais sorti ça avec un long sourire de trois kilomètres de long et je me levai d'un coup du sofa. Je m'approchai d'elle et lui fis la bise. Hé bien oui, il fallait bien que je parte sur de bonnes bases avec ma colocataire, alors autant m'investir. D'ailleurs, la raison pour laquelle j'en avais une était très simple à expliquer : mes potes avaient peur que je fasse une connerie. J'me suis pas trop posée de questions, ça m'était égal et si ça m'évitait ou si ça me réduisait quelques unes des tâches ménagères... Pourquoi pas ? Je me retournai vers les valises en les pointant de manière acusatrice.

" Tu veux de l'aide ? Parce que je vois que le portier de tout à l'heure t'a lâché... "

Effectivement, il était reparti aussi vite qu'il était arrivé, laissant Lya dans un beau foutoir. Bien que je ne fus pas maniaque, -au contraire, je n'avais toujours pas rangé mes affaires-, je compatissais seulement au fait que de devoir ranger tout ça ne devait pas être facile. D'ailleurs, il y en avait tellement... Une idée traversa mon esprit, elle devait certainement être riche ! Je me mis à jeter un coup d'oeil à sa tenue et ce que je vis renforça ma théorie. Tout de soie. La grande classe. Franchement, elle faisait typiquement femme fatale, elle avait tout pour ! Mon sourire revint après s'être éclipsé un court instant à cause de mes réflexions.

" Ta chambre est au bout du couloir à gauche. "

J'ouvris la marche et m'enfournai dedans, repensant au fait que comme j'étais la première à être arrivée, j'avais pu choisir. Bien sûr, j'avais pris celle sans trop de chichis pour que je puisse la customiser comme je l'entendais. Bon certes, c'était la plus grande et certes, j'avais moins d'affaire qu'elle, mais je pouvais toujours lui laisser le dressing. De toutes manières, je ne pensais pas que sa chambre lui déplairait, les goûts de la directrice d'Equestrian Learning étaient de luxe pour la plupart. Je laissai Lya me dépasser avant d'ajouter comme pour la convaincre que je lui avais laissé une chambre en or.

" Tu as la salle de bain juste en face, en plus je ne suis pas du matin, alors de ce point de vue je ne serai pas trop chiante. "

Pourquoi avoir rajouté cela ? Je ne sais pas, mais bon, s'il fallait que je lui explique un peu mes habitudes, autant le faire petit à petit.

**Lya H. O'Conor**

ღ J'adore me faire des ennemis

Lya releva brusquement les yeux en ciel. Non pas à cause de sa colocataire, mais de son chauffeur qui était même pas foutu de l'attendre pour mener ces valises dans sa chambre. A coup sûre elle allait devoir le faire elle-même, au risque de se caser un ongle. Vous imaginez ? Surtout qu'il aurait pu avoir un pourboire. Non même pas en rêve, la générosité c'est bon que pour ceux qui veulent se donner bonne conscience, elle n'en n'avait pas besoin. Sa colocataire était une jeune femme brune qui devait avoir le même âge qu'elle. Mais le pire c’était sans doute ces vêtements, une banalité affligeante. Au moins, voyons le côté positif des choses, elle n'avait pas l'air méchante. Mais même à la plus gentille des personnes, Lya trouverait un reproche. Elle trouvait toujours.

Lya « Salut ! Je suis Lya. »
Lucy « Hey, moi c'est Lucy ! »

Oui ça je le sais. Elle ne le dit pas, mais elle le pensa très fort. Elle c'était quand même un minimum renseignée avant de venir ici Par contre la suite, elle n'arriva pas à la prédire. Lucy c'était levée mais elle lui claqua la bise. Lya c'était raidit immédiatement, c'était quoi ces manies de venir faire la bise comme ça. Les marques d’affection, très peu pour elle, sauf quand c'est calculé. Sérieux, elle aurait du demander à avoir une chambre toute seule. En laissant ses yeux parfaitement maquillés parcourir les yeux, elle remarqua avec joie qu'elle avait au moins une chambre à part. Mais par contre, sûrement une salle de bain partagée. C'était horrible. Néanmoins la jeune femme afficha quand même un sourire franc à l'encontre de sa colocataire. Elle était ici pour l'équitation, pas pour se faire des amis.

Lucy « Tu veux de l'aide ? Parce que je vois que le portier de tout à l'heure t'a lâché... »
Lya « Des incompétents pareils, c'est pas possible. »

Jamais contente la fille de toute manière. Vous pourrez faire n'importe quoi, elle ne sera jamais satisfaite totalement. Toujours prévoir le pire, comme ça elle n'était pas déçue par la suite. Lya se rappela du début de la phrase de sa colocataire, autant l'utilisée si elle le proposait autant gentillement.

Lya « Oui je veux bien de l'aide. »

Ne pas s'attendre à un merci quand même, c'est pas Noël. Miss O'Conor remarqua le regard de Lucy sur sa tenue. Pour elle c'était le minimum pour sortir, des vêtements avec un minimum de classe, c'était très rare de la voir en jean's. Lya s'empara d'une valise et attrapa une petite mallette contenant son maquillage, un partie. Elle traîna la valise derrière elle en suivant sa colocataire.

Lucy « Ta chambre est au bout du couloir à gauche. »
Lya « Et je pense qu'on a une salle de bain en commun ? »

Génial, elle ne pouvait même pas choisir sa chambre. Pourvu qu'elle ait au moins un dressing à part, sinon elle serait candidate au suicide. Elle longea le petit couloir décoré de plusieurs tableaux. Pas des tableaux de maître, tous était sur le thème du cheval. Des chevaux qui s’ébattait en liberté ; en plein saut, elle pouvait voir les muscles se contracter pour se propulser au dessus de l'obstacle ; un autre en pleine pirouette, les antérieurs décollés du sol, une photo prise au bon moment. Au moins la décoration était pas des plus horribles, mais elle avait connu mieux. Nettement mieux.

Lucy « Tu as la salle de bain juste en face, en plus je ne suis pas du matin, alors de ce point de vue je ne serai pas trop chiante. »
Lya « Moi par contre je me lève tôt le matin. »

Lucy allait devoir s'adapter. Lya était du genre à se lever à six heures du matin pour aller faire son sport pendant deux bonnes heures et souvent elle prenait une douche avant, si elle réveillait sa colocataire, elle s'en fichait pas mal. Le point positif -sûrement le seul d'après elle- qu'elle n'allait pas avoir de conflit de salle bain le matin. Ben oui, pour avoir une peau parfaite et un maquillage aussi irréprochable, il faut passer un certain dans la salle de bain. Lya poussa la porte de sa chambre. Plutôt banal, un lit deux places -sinon elle aurait fait scandale- et quelques petits tableaux, une grande commode et une armoire. Et la prote du dressing, elle est où ? Lya laissa son regard voguer sur la pièce. Elle allait mettre où tous ces fringues ? La jeune femme abandonna ces valises au centre de la pièce pour aller chercher le reste. Elle rangerait minutieusement le tout. Quand ça concernait ces habits et même pire ces chaussures, c'était la plus maniaque des filles. Essayez de lui emprunter une paire d'escarpins, je suis pas sûr que vous en ressortait vivant. Lya fit claquer ces talons sur le sol en parquet pour retourner chercher ces valises.

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